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Libres paroles : Cambon ou l’art en temps de pandémie

Libres paroles : Cambon ou l’art en temps de pandémie

Cambon, un dessinateur féru de Beaux-Arts.

Il a l’air sérieux d’un prof, la timidité d’un adolescent, le calme de ceux qui réfléchissent. Il a la tête bourrée d’images, le rire qui éclate quand l’idée lui vient. Le Crayon a eu le très grand plaisir de le recevoir… pour une exposition de ses dessins concoctés pendant le confinement. Une rencontre pleine de gaité qui fait le bonheur des visiteurs et un vernissage qui s’est déroulé avec masques et gel, échanges, interventions et dégustation et avec la complicité de l’Atelier Théâtre de Ramatuelle orchestré par Flore Hofmann.

 

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Cambon a su  profiter du temps du confinement pour revisiter pour nous avec humour les grandes étapes de  l’histoire de l’art.

largelargeLe Crayon – La série de dessins que tu exposes dans « Défi d’art : rire au temps de la Covid 19 »,  a été réalisée en période de confinement.  Ce type de situation est-il bénéfique à la création ?

Cambon – Oui, j’ai plutôt bien vécu cette étrange période (en temps normal un dessinateur vit déjà confiné!). Les sorties étant très limitées, il fallait m’occuper, alors, j’ai commencé par faire cette série de dessins, un regard sur ces événements mais sous un prisme différent du commentaire d’actualité habituel du dessin de presse, en prenant comme thème l’art d’une part et en parallèle des personnages de conte de fées. Comme ce n’était pas en vue d’une publication, je les ai postés sur les réseaux sociaux, Twitter et Instagram. La réception des premiers dessins a été bonne, ça m’a encouragé à continuer. Le dessin du déjeuner sur l’herbe de Manet a eu beaucoup de succès sur twitter. Sur Instagram c’est le dessin du petit Poucet et ces rouleaux de papiers toilettes qui a bien marché. Les dessins circulant, ça apportait de nouveaux regards sur mon travail j’ai été sollicité pour une interview ou bien une opération pour les soignants ou encore à participer à une expo, ceux sur l’art ont été repris sur le site internet du Journal des arts auquel je collabore par ailleurs, enfin à les montrer ici à Ramatuelle. Et comme je m’amusais beaucoup à trouver de nouveaux gags et que j’avais du temps, parce que moins de commandes pour la presse, je n’ai pas vu le confinement passé.

largelargeLe Crayon – Peut -on faire de l’humour avec le drame et la tristesse ?

Cambon – Je pense que le rire est indispensable, il permet de surmonter l’angoisse et la peur, il ne guérit pas mais il soulage. Un peu comme l’hydroxychloroquine, en plus efficace.

Le Crayon – Quel rôle ont joué les arts plastiques dans ta vie ?

Cambon – Un rôle essentiel. J’étais un enfant timide, le dessin était un refuge et un moyen d’expression. Je ne suis pas issu d’une famille avec une culture artistique je regardais les images dans le dictionnaire ou les livres d’histoire. Je lisais des bandes dessinées et regardais des dessins animés à la télé. Quand au lycée j’ai découvert que je pouvais faire progresser ce maigre talent, mon premier professeur d’arts plastiques m‘a encouragé à regarder des revues (Graphis !), des livres sur l’art, à fréquenter le musée de Grenoble (alors gratuit!) à me nourrir l’œil. J’ai fait ma culture artistique et me suis plus intéressé à la peinture qu’à mes études de lycéens très moyen. Puis mes années de beaux-arts m’ont définitivement dégourdi. Ce qui est amusant, c’est que je me suis autant épris de la peinture de Morandi, que des dessins d’humour de Chaval.

Le Crayon – Quels sont tes rapports avec la création d’aujourd’hui ?

Cambon – Ils sont bons, je crois… Je suis très curieux de ce qu’il se fait aujourd’hui en bande dessinée, art graphique ou art plastique.

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Le Crayon – Quand tu es dans un musée, devant une œuvre, est-ce que spontanément tu la réinventes ?

Cambon – Je la regarde simplement, je l’admire. Parfois une idée de dessin drôle peut me traverser l’esprit, comme ça peut arriver dans la rue ou ailleurs. Il n’y a rien de mécanique.

Le Crayon  –  Tes dessins relèvent-ils du pastiche ou de la parodie ?

Cambon – Plutôt de la parodie. Le pastiche me semble plus littéraire. Je pratique aussi la citation que tu peux voir dans le dessin la « la petite marchande d’hydroxychloroquine », Le personnage de la gamine est un clin d’œil à Tomi Ungerer. D’ailleurs l’original se trouve en ce moment dans le musée qui porte son nom à Strasbourg.

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Le Crayon – Es-tu un familier de la littérature oulipienne et de l’exercice de style ? Où vont tes goûts en littérature ?

Cambon – J’ai découvert Queneau et l’Oulipo au lycée! Aux beaux-arts, l’émission radiophonique les Papous dans la tête. Depuis, je le confesse, je m’en suis éloigné. En fait je n’ai pas de goûts littéraires très précis. En ce moment je lis Pajak, le poète Serge Pey, un livre de SF.

Le Crayon  – Comment équilibre- tu la part jubilatoire de la reconnaissance de l’œuvre et celle de surprise ?

Cambon – Le gag vient d’abord de l’effet de surprise, y a un truc rigolo dans l’image, on rit (ou sourit). La reconnaissance de l’œuvre se fait dans un deuxième temps, ou le lecteur spectateur se dira « Ah! mais oui c’est… Oh! le coquin! ». On rit à nouveau (ou sourit à nouveau).

Enfin, c’est mon processus, je ne sais pas si ça marche à tous les coups.

Le Crayon  – Ton choix va-t-il plutôt vers des œuvres phare de l’histoire de l’art ?

Cambon – Il faut d ‘abord travailler sur des œuvres qui font partie de l’imaginaire commun que beaucoup ont dans l’œil si je veux toucher un maximum de public, la Joconde, le Déjeuner sur l’herbe, le Cri de Munch. Il n’y en a pas des milliers, donc je travaille ensuite sur des tableaux moins connus mais fait par des artistes connus (le douanier Rousseau), enfin d’autres moins familiers mais dont l’importance est secondaire dans mon dessin, comme le Noli me tangere de De la Hyre. J’aurais pu prendre un tableau d’un autre artiste représentant cette même scène. Ensuite je ne m’interdis pas de citer une œuvre connue surtout des amateurs d’art comme le Trump/ Catelan ou le Cross dans l’expo. C’est surtout l’inspiration qui me guide.

Propos recueillis par Heliane BERNARD & Alexandre FAURE

Cambon est dessinateur depuis une trentaine d’années à Grenoble. Ses dessins paraissent régulièrement dans la presse, pour les Affiches de Grenoble, le Journal des arts, Terre dauphinoise, La Lettre du cadre territorial, le Travailleur alpin, le Journal de l’animation. Il est l’auteur de trois albums de dessins d’humour, « Le Sport ça fait mal! » aux éditions Iconovox, « La Vache! » et « La Vache! La suite », et a illustré « Naviguer gourmand » tous aux éditions Glénat.

Il est le lauréat en 2013 du prix Press Cartoon Europe pour un dessin satirique sur la guerre en Syrie.

Pour faire plus ample connaissance :

twitter @m_cambon

 

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