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LIBRES PAROLES : GUSTAVE PARKING, LE CLOWN POÈTE

LIBRES PAROLES : GUSTAVE PARKING, LE CLOWN POÈTE

Pagnol disait « Dis moi de quoi tu ris, je te dirai qui tu es. » Pour le vérifier, Le Crayon avec la complicité de Véronique Barbe des Arts du Rire est allé à la rencontre de Gustave Parking !

 

largePour Pierre-Casimir Le Bras, alias Gustave Parking « Tout ce qui est drôle est engagé ! ». Clown poète, il allie l’humour poétique à l’humour politique. Aussi s’investit-il dans des associations telles qu’Amnesty International. En 2007, il signe l’appel pour demander à José Bové d’être candidat à l’élection présidentielle et soutient sa candidature, en écrivant la chanson « Ah si j’osai Bové » qui devint son slogan de campagne. Gustave Parking inaugure sa tournée par une soirée à l’initiative des Arts du Rire à l’Espace Albert Raphaël, de Ramatuelle, le jeudi 7 avril 2016.

Véronique Barbe – Quelle serait votre définition de l’humour ?

Gustave Parking – L’humour est la plus agréable défense contre des vérités trop violentes…

V.B. – Jean-Michel Ribes, dans son avant propos à son anthologie  « Rire  (le) de résistance », dit que Rire est « trace d’enfance ». Avez vous souvenir d’un éclat de rire, d’un fou rire  qui pourrait nous éclairer sur l’humoriste que vous êtes devenu ?

G.P. – Dans mon enfance je riais avec les animaux comme beaucoup, leur naturel est confondant de vérité donc suscite le rire. J’avais une oie qui passait son temps à tirer sur les culottes de ma sœur et ça me faisait beaucoup rire.

V.B. – Faire rire… ca s’apprend ? Comment devient-on humoriste ?

G.P. – On peut faire rire naturellement (tempérament comique), c’est lié à ton visage et ta nature mais cela ne suffit pas il faut aussi beaucoup jouer pour faire rire même quand tu es hyper triste.

V.B. – Le rire peut être une arme qui repousse, défie, désacralise toutes les formes de pouvoir. Est-il indissociable du fait d’être libre ? Libre d’esprit ?

G.P. – Tu peux faire un humour consensuel mais il est forcément moins drôle qu’un humour ravageur qui fera rire les personnes libres mais qui choquera les personnes « ravagées ». Quoique dans les médias actuellement c’est le politiquement incorrect qui est comiquement correct. Il y a aussi une normalisation de certaines  « provocations » qui ne provoquent plus personne.

V.B. – Avez-vous été poursuivi en justice pour un de vos sketches ou pour une phrase que vous auriez formulée à l’occasion d’un de vos spectacles ?

G.P. – Non car je ne suis ni très médiatisé ni gratuitement provocateur dans l’humour noir…Et je réside en Guadeloupe donc je peux rire de tout et de tous sans problème. En revanche j’ai eu des menaces de mort de certaines personnes d’extrême droite quand je jouais dans les grandes salles parisiennes (Olympia, Casino de paris) … Et j’ai subi bien des fois des censures indirectes ….

V.B. – Lisez vous la presse satirique ?

G.P. – Oui beaucoup  …

largeV.B. – Le rire peut-il être simplement gratuit ? Un rire de délivrance, sans ennemis, sans parti ?

G.P. – Oui bien sûr… Mais même un rire gratuit est engagé face à certains intégrismes qui refusent le rire en tant que tel (voir «  Le Nom de la rose »). Le rire va aussi de paire avec le sens du propos. Se moquer gratuitement de quelqu’un que j’aime me fera moins rire que la même moquerie de quelqu’un que j’aime moins.

V.B. – Y a t-il un bon rire et un mauvais rire ?

G.P.  – Personnellement je préfère rire avec les victimes au détriment des bourreaux et certains rires contre les émigrés ou les pauvres me font parfois grincer des dents et pour le coup ne me font pas rire.

V.B. – Peut-on rire de tout ?

G.P. – Il faut pouvoir rire de tout mais pas n’importe comment ni à n’importe quel moment ni comme le disait Desproge avec n’importe qui… C’est la différence entre le bon (dans le sens gentil) goût et le mauvais goût (dans le sens méchant)

V.B. – Le rire doit-il être de « bon goût » ?

G.P. – Sucer une… trempée dans du miel… Est-ce de très bon goût ? (Si vous aimez le miel…) Le bon goût ? Chacun à le sien…

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V.B. – À la place de Noël Godin qui auriez-vous aimé entartrer ?

G.P. – Personne… Je ne suis pas d’un naturel violent… et je n’aime pas trop les bizutages et autres farces un poil méchantes… L’enfarinage est moins violent…

V.B. – Quel est votre aphorisme préféré ?

G.P. – « Efforçons-nous de rire de tout de peur d’avoir à en pleurer… » Beaumarchais
« La mort c’est le meilleur moment de la vie c’est pour cela qu’il est préférable de le garder pour la fin. » moi.
« Prendre son temps sans se prendre la tête mais bien remplir les deux » moi.

V.B. – Si vous n’étiez pas devenu humoriste, quel serait le métier que vous auriez aimé faire ?

G.P. – Gardien de parc animalier (ce que je fais) skipper de haute mer pour des causes humanitaires (ce que je fais aussi)

V.B. – Dans le cadre d’un hommage aux grands humoristes disparus qui nous ont  fait marrer, quel serait celui ou celle que vous aimeriez saluer ?

G.P. – Tous… sinon on ne dirait pas « grands » mais dans l’ordre, je mettrais Devos, Pierre Dac, Coluche et les autres qui n’ont pas disparus : Fellag, Serge Papagalli, Madenian, Jamel…

V.B. – Un dessin d’humour vous a-t-il donné l’idée d’un sketch ?

G.P. – Oui surement indirectement car j’en regarde tellement…

V.B. – Y a t-il un dessin d’humour dont vous auriez aimé être l’auteur (e) et que Le Crayon pourrait  associer à cet entretien ?

G.P. – Plein car il y en a tellement de si drôles je me souviens d’un dessin dans Pilote (« ubuk et le travail ») où un explorateur voulait (pour les narguer) bouger un vieil interrupteur que vénérait une tribu de sauvage …Il bouge l’interrupteur et le soleil s’éteint…Moi ça m’a fait rire …

V.B. – Question subsidiaire : Avant de tirer le rideau… si vous aviez à écrire une épitaphe ?

G.P. – Laissez-moi réfléchir là-dessous !  Qui décède vous précède…

Entretien réalisé par Véronique Barbe

largeGustave Parking : « De mieux en mieux pareil », Espace Albert Raphaël – Ramatuelle 83 350, le jeudi 7 avril 2016 à 20 h. 44 pétantes !

TARIFS :
20 euros.
Tarif adhérent 15 euros,
Tarif ado (13 17 ans) 10 euros,
Gratuit pour les – de 13 ans et les + de 103 ans.

RÉSERVATION :
LES ARTS DU RIRE, Le Lézard / Espace Raimu 83 310 Cogolin tel 06 14 80 92 91
Réservations possibles en ligne : www.lesartsdurire.com

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