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Les figures de la liberté d’expression : Voltaire

Les figures de la liberté d’expression : Voltaire

Chaque mois, Heliane Bernard retrace les portraits qui ont marqué l’Histoire de la Liberté d’expression.
Aujourd’hui : Voltaire.

 

LES COMBATTANTS : LEUR ARME C’EST LA PLUME !

Un livre vous déplaît, réfutez-le ; vous ennuie-il, ne le lisez pas. Voltaire

large    VOLTAIRE, François-Marie Arouet, est né en 1694 à Paris. C’est un romancier, un écrivain, un redoutable polémiste, et plus qu’un philosophe : il est le chef de file, le modèle, la figure emblématique  des Lumières. Célèbre dans toute l’Europe, combattant redoutable de l’intolérance religieuse et politique, il voit ses Lettres philosophiques et son Dictionnaire philosophique portatif, publiés en 1764 (Londres-Genève) condamnés au bûcher. Dans son Traité de la Tolérance (1763), aujourd’hui nécessaire car d’actualité, il défend avec acharnement les victimes du pouvoir et de l’Eglise dans des affaires aussi retentissantes que celles de Calas et du jeune chevalier de la Barre.

Chaque jour, il écrit. C’est un épistolier prolifique, plus de vingt mille lettres ont été retrouvées. Ses correspondants sont les célébrités du moment : Catherine de Russie, Frédéric II ou des figures moins connues. Toutes ses lettres sont vivantes comme de la chair. Il fréquente les monarques mais se fait embastiller deux fois, en 1717 et 1726 pour ses écrits. Son ironie mordante lui vaut d’être exilé en Angleterre où il s’initie à la philosophie et se convertit au déisme. Il a le gîte et le couvert à la cour de Prusse pendant trois ans. Après sa brouille avec Fréderic II, il se réfugie à Genève  et achète en 1759 un château, juste à la frontière suisse, dans le pays de Gex (à Ferney), qui devient un passage obligé pour tous les intellectuels d’Europe. Le petit homme au nez long et rond est un fin gourmet et sa table est le lieu des plus ardentes discussions. Ses yeux pétillent d’intelligence et de gaîté. Spirituel, il peut être féroce. Impitoyable pour ses ennemis, querelleur, il est aussi généreux. En 1778, près de trente ans après son exil, il revient à Paris. Hébergé par un ami, quai des Théatins, acclamé, respecté, il meurt peu après, sur ce quai qui deviendra le quai Voltaire.

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Pour que le monde ne sombre pas dans le noir de l’obscurantisme. A qui lui demandait pourquoi il se promenait en plein jour lanterne en main, Diogène se borna à répondre: Je cherche un homme !

Quelques siècles plus tard, Voltaire et ses amis continueront de nous éclairer de leurs lumières en luttant pour la liberté d’expression victime de l’intolérance qui caractérisait alors l’Eglise catholique et la Monarchie absolue. À plus d’un siècle d’écart, Alfred Le Petit et Antoine Dussault reprennent ce même symbole pour illustrer le combat du philosophe des Lumières.

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Tout lui a toujours été bon pour mobiliser l’opinion publique: tracts, pamphlets qui se dissimulent et se distribuent dans toute l’Europe bien plus facilement qu’un ouvrage. Aucun sujet n’échappe à son humour, à son ironie, à son indignation, à son ardeur. En 1758, dans Questions sur l’Encyclopédie, article « Liberté d’imprimer », il écrit à propos du livre du philosophe-poète, Helvétius  (1715-1771,)  De l’Esprit, condamné et brûlé :

« En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point qui aient fait de mal réel. (…)
Mais, paraît-il parmi vous, quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que vous ayez des idées) ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre faction, ou, qui pis est, dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre petit coin de terre. Voilà un  homme abominable, qui a imprimé que si nous n’avions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers : quel blasphème ! Les dévotes crient, les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement : et pourquoi ? Pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout de trois mois. Un livre vous déplaît, réfutez-le ; vous ennuie-il, ne le lisez pas. (…)
Vous craignez les livres comme certaines bourgades ont craint les violons. Laissez lire, et laisser danser ; ces deux amusements ne feront jamais de mal au monde. »

Voltaire est un grand homme, profondément humain. Il est mort en 1778. Figure populaire à la Révolution, il sera transporté au Panthéon en 1791.

Heliane BERNARD

© Giemsi
© Giemsi

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